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samedi 24 septembre 2016

L'Etrange Festival : Bilan et Palmarès 2016 !


Voici donc pour commencer le Palmarès du 22ème "Etrange Festival" :



Grand Prix Nouveau Genre : décerné ex-aequo pour la première fois en primant à la fois : "Jeeg Robot" de Gabriele Mainetti (Italie) et "Headshot" des Mo brothers (Indonésie)

Prix du public : "Poésie sans fin" de Alejandro Jodorowsky (Chili)  

Ainsi que le :                                                                                                  
Grand Prix Canal + du meilleur court- métrage : "Klem" de Mathijs Geijskes (Pays-Bas)

Prix du public du meilleur court-métrage : "Strangers in the night" de Connor Mc Mahon  (Irlande)






Retour critique sur la majorité des films ci-dessous :

C'est donc l'heure du bilan, et "Les Chroniques d'Atreyu" se devait de revenir plus en détail, sur la plupart des films primés ou non, de l'édition 2016, et s'il y avait une première constatation à faire sur l'ensemble de la sélection, elle se résumerait en deux maîtres mots :  

"DIVERSITE ET QUALITE"


En effet, entrons tout de suite dans le vif du du sujet, pour vous donner un avis critique sur la plupart des films de la compétition ou non (on ne pourra pas malheureusement traiter de toute la sélection, mais de ceux qui nous ont interpellés en priorité )

On peut dire qu'il y en avait pour tous les goûts avec cette nouvelle édition de l'Etrange Festival" et sans plus tarder revenons d'abord sur les 3 films primés, en commençant par le "Grand Prix ex-aequo"

"Jeeg Robot", renouvelle donc avec brio le genre maintes fois aseptisé de ce que sont devenu aujourd'hui, la plupart des films de super héros. Grâce à une relecture habile du mythe, il propose la vision d'un homme se découvrant des supers pouvoirs (après avoir été touche par des déchets radioactifs)  lui apportant une force surhumaine. 
"Jeeg robot", meme s'il n'a certes pas les moyens financiers des "Blockbusters" du moment, réussit toutefois à convaincre non seulement par l'efficacité de son histoire, en rendant son héros attachant, lui donnant une partenaire inattendue, symbolisant "la princesse" qui fera tout pour convaincre celui ci de sa mission salvatrice. Les portraits des méchants, dont le principal sont également parfaits dans leurs rôles, certes appuyés et quelque peu caricaturaux, mais crédibles en tout points. 

Avec simplicité et sans esbrouffe, "Jeeg Robot" (qui fait allusion à un anime japonais ) concilie, action, aventures et surtout émotions, sans le besoin d'en mettre plein les yeux en soignant avant tout ses personnages, et s'avère être un divertissement calibré sur mesure, pour plaire au plus grand nombre. Il affiche aussi clairement la résurgence du renouveau du cinéma de genre en Italie ! 



Quant à "Headshot" c'est une véritable montagne russe qui tel le format d'un jeu vidéo, sur deux heures, met biensur l'accent sur la la fureur de ses combats, à travers une histoire certes plutot classique, 
 
mais qui demeure un modèle en la matière tant la mise en scène des "Mo Brothers" s'avère très rythmée et surtout lisible et donc parfaite dans sa démonstration de violence à l'écran.  Le but étant ici, de vous servir ce que le cinéma asiatique sait faire de mieux dans le genre du pur film d'action.  




Pour en terminer avec les films primés ( n'ayant pas eu le temps de voir les court métrages), revenons un peu sur le magnifique film autobiographique de "Alejandro Jodorowsky", qui avec "Poésie sans fin" confirme l'artiste qu'il est et sera toujours. Après son précédent, "La Danza de la realidad", il retrace un autre chapitre important de sa vie, de son adolescence jusqu'à l'âge adulte, de son cheminement difficile avec son père quant à ce désir ardent de devenir le poète confirmé qu'il rêvera d'être par la suite.

 Libéré du carcan familial, il va ainsi rencontrer différents personnages, qui l'amèneront à poursuivre sa quête, tant bien que mal. Tour à tour magique, justement poétique, onirique, triste et parfois décalée, la vie de "Jodorowsky" est donc très intéressante à découvrir, tant celui ci conte les faits de manière enchanteresse ou sombre avec divers niveaux d'interprétation, tel un réve éveillé, bercé par l'étrangeté des situations vécues ou imaginées par l'auteur...




Parmi les différents titres retenus durant cette compétition, on retiendra également des films tels que l'original "Sam was here" 

premier long métrage de Christophe Deroo, qui mêle brillamment, une ambiance fantastique et insolite autour d'évènements déconcertants vécues par le personnage principal, aux confins d'un désert situé dans la 4ème dimension





"Girl Asleep" premier film d'une jeune réalisatrice australienne "Rosemary Myers", reste une bonne surprise dans le genre "rêveries adolescente". Sur un canevas assez réussi dans l'ensemble, le film s'attarde sur l'anniversaire d'une jeune fille qui à l'aube de ses quinze ans, va se confronter le jour de la fête organisée par sa mère, à d'étranges visions oniriques à déchiffrer dans les méandres de son subconscient, aux travers d'images fantasmées, parfois inquiétantes. 

 Léger, mais assez représentatif des obsessions graduelles d'une jeune fille passant un cap, "Girl Asleep" reste un joli bonbon enrobée avec soin, que ce soit pour la réalisation, ses musiques ou chansons et dialogues pour se laisser voir avec plaisir.





On continue avec "Trash fire" qui commence par dresser avec mordant, le portrait d'un couple aux rapports conflictuels, pour partir sur un drame autour du passé tragique de la famille de l'homme du couple en question. 

Assez tendue durant toute la deuxième partie du film, le film laisse place à un suspense familial lourds de secrets... on peut en ressortir au final très déconcerté ou très satisfait (comme moi) mais surement pas indifférent. 













Pour revenir sur le film d'ouverture qui était aussi en compétition, "The Darkness" il est clair que le film possèdent des qualités indéniables de mise en scène, notamment à travers le rendu de son atmosphère (visuelle et sonore) anxiogène de fin du monde. 

Cependant sur la durée, le film n'apporte que peu de réponses sur ladite menace du titre laissant surtout libre cours à l'interprétation des faits. Ne sachant trop ou aller finalement, entre un drame sur la survie, ou un solide conte sur les ténébres environnantes, il en résulte un film assez bancal, qui laisse un gout d'inachevé quant aux réelles ambitions scénaristiques  du film, mais qui reste cependant intéressant à découvrir. 










Devant la quantité incroyable de films présentés, on passera rapidement sur quelques déconvenues comme "Interchange", polar malaisien, au ton fantastique intéressant bien que trop laborieux dans sa progression, la faute à une enquête peu passionnante et qui s'avère sans surprise au final.




"Au dessus des lois" faisait quant à lui, figure de "buddy movie" du Festival, ou deux flics corrompus, bravent les règles de la loi, pour obtenir ce qu'ils veulent des bad guys.
Bien enlevé dans le ton, cette comédie policière n'est cependant pas un modèle du genre, car bien que sympathique dans l'ensemble, elle n'apporte rien de réellement nouveau  dans les intentions proposées.




Citons en vrac d'autres films de la compétition, comme "The Neighbor" de Marcus Dunstan, qui commence plutôt bien pour rapidement montrer ses limites avec un récit au suspense peu emballant dont les ficelles se détectent à vive allure, pour n'être qu'un thriller basique, tout juste correct et bien moins inspiré que le premier film du réalisateur, le survitaminé "The Collector".














Pire dans un autre genre, la sf, avec "Terra Formars" (tirée d'un manga) du prolifique Takashi Miike, qui ici, se contente d'aligner des séquences de combat sur mars, entre des hommes cafards géants et une escouade de terriens chargée de les éliminer et donc transformées en insecte pour pouvoir les combattre à armes égales. 
Doté d'effets spéciaux d'un autre âge, le film fait penser à un jeu video des années 90 (sur ps2), ou même le scénario ne sert pas a grand chose puisque basée pratiquement sur les affrontements entre cafards géants et humains transformées. Ce qui en devient lassant vu la pauvreté d'inspiration du script.











Pour clore sur les quelques déceptions, "La vengeresse", co-réalisé par le grand prodige de l'animation trash, "Bill Plympton" ne fut malheureusement pas le grand éclat de rire attendu,

 faute à un scénario impersonnel ou on ne sent pas vraiment la patte délirante de "Plympton" à son meilleur comme dans "Hair High" ou "L'impitoyable lune de miel"....pour ne citer qu'eux. 




Heureusement, la qualité était davantage au rendez vous sur le reste des films de la compétition, comme avec le très bon "Pet" de Carles Torres, quasi huis-clos au déroulement surprenant entre un kidnappeur (Dominic Monaghan) et sa victime (Ksenia Solo) et qui vaut le coup justement pour la prestation excellente des deux acteurs principaux 










Pour "Transfiguration" de Michael O' Shea, on assiste à une transposition moderne et habile du vampirisme, comportant d'étranges similitudes avec le "Martin" de George Romero (1973) sans être non plus un remake de celui ci, je précise.


On en arrive à deux autres coups de coeurs pour clore en beauté cette compétition, avec tout d'abord "Anti-porno" du japonais Sono Sion (l'habitué de l'Etrange Festival), 

excellente variation sur le vedettariat et les différents visages de la sexualité féminine à travers une oeuvre colorée mêlant avec folie, fiction et réalité. 

 

On en vient à l'autre immense plaisir cinématographique, que le chroniqueur que je suis, aurai souhaité voir gagner le "Grand Prix nouveau genre" avec l'étonnant "The Tenants downstairs", film originaire de Taïwan, signé par Adam Tsuei. 
Une oeuvre parfaitement maitrisée du point de vue de la mise en scène donnant une dimension majeure à l'immeuble (par ses multiples plans travaillés dans l'espace des lieux) ou se déroule cette histoire particulièrement déviante... 
Où les locataires de l'immeuble en question, deviennent la proie d'un gardien voyeur, équipée de multiples caméras, qui va donc, entamer un jeu de miroirs ou il va révéler (en les observant) les personnalités de chacun, créant des actes aux proportions inattendues. Passionnant dans le propos de bout en bout, espèrons que "The Tenants downstairs" trouvera le chemin des salles d'exploitation françaises...


 

Après être revenu sur la majorité des films en sélection officielle, il ne faut pas oublier de citer d'autres oeuvres plutot expérimentales de l'étrange, tel que le sulfureux "We are the flesh" descente aux enfers d'un frère et sa soeur dans un immeuble en ruines ou la rencontre avec un vieux monsieur va les entraîner dans un déluge de sexe, de perversions et de déviances extrêmes.
Déconcertant mais fascinant et fort pour les uns, exécrable et sans intérêt pour les autres, nul doute que ce film marquera les esprits en bien ou en mal.




Autre pépite que l'on retiendra dans ces colonnes, le magnifique film d'animation, pourtant sombre et désespéré, "Psiconautas" du à deux espagnols à l'inspiration et la patte graphique irréprochable








 
Pour le suivant, on ne pouvait pas passer à coté du génial road-movie qu'est "Détour", réalisé par un habitué du cinéma de genre Christopher Smith ("Severance", "Creep", "Black Death").  
Ce film est non seulement un modèle de construction dans sa mise en scène stylisée, qui de plus sert à merveille le récit (notamment par l'utilisation de split screens judicieux) mais aussi et surtout d'un scénario au déroulement implacable dont les enjeux sont tout sauf prévisibles. 








Parmi les hommages du Festival, saluons la programmation globale des films de feu "Andrezj Zulawski, pour faire découvrir notamment, l'incroyable film que restera "Possession" dégageant une rage dévastatrice à l'écran, confirmée par la    prestation phénoménale d'Isabelle Adjani ! 
Ainsi que l'oeuvre de science fiction "enragée" que représente également "Sur le globe d'argent" !





Parmi les autres rendez-vous incontournables, la présence du réalisateur "Franck Hennenlotter" dont on a eu le plaisir de voir ou revoir des perles du genre, telles que "Frankenhooker" "Elmer, le remue méninges"et qui a eu la gentillesse de nous accorder une interview (prochainement disponible, si problèmes techniques résolus) .




Signalons aussi pêle mêle, dans un autre genre, le documentaire "Etre cheval" belle approche sur la surprenante métamorphose d'un homme arnaché comme un cheval, s'identifiant totalement à lui.




Enfin nous en arrivons à l'un des films attendus de la sélection hors compétition, "Blair Witch" séquelle "officielle" du film original de 1999 ! Encore une fois, le film a divisé aussi bien la critique que le public. Pour "les chroniques" et contre toute attente, cette séquelle est plutot une réussite, apportant certaines réponses bienvenues aux mystères non résolues du premier. Ensuite, la réalisation est le point fort, car convaincante dans son respect du film en "found footage" donnant ce réalisme indispensable. 
Et surtout elle contient de solides moments de tension, palpable, déjà de par sa effets sonores oppressants et assez immersifs, de ses décors naturels denses et étouffants (la forêt est un personnage a part entière), et d'une dernière partie dans un lieu clos, particulièrement efficace, et ce, jusqu'au dernier plan du film. 






 
En conclusion, l'Etrange Festival a cloturé cette 22ème édition, avec la première française, de "The marriage of reason and squalor" de Jake Chapman, dont le caractère onirique de l'histoire plutot attrayante au demeurant, manque cependant d'un réel panache et d'idées novatrices autour du traitement fantasmagorique de l'héroïne, dont les rêves s'avèrent peu captivants. 
Un film qui a malheureusement désarçonné voire plus que déçu la majorité du public (après l'avis général recueilli à la sortie), et que personnellement je confirme, car malgré une bonne idée de départ, le film se perd dans les méandres d'un scénario confus, trop inégal dans sa finalité.. 







Voilà, après le riche contenu de cette excellente édition 2016, nul doute que "Les chroniques d'Atreyu" auront à coeur de suivre à nouveau l'Etrange Festival" l'année prochaine pour retrouver avec un immense plaisir, ce digne représentant du cinéma de genre mondial !


P.Vaccaro (Atreyu)




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